l'un sans l'autre c'est un incendie, de forêt - ou d'euphorie.

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Kiara, c'est une tigresse dans une arène de loups. Les cheveux en bataille, les yeux trop grands pour son visage. Ses yeux, ils sont devenus douloureux à regarder. On y lit les souvenirs, les derniers songes du printemps, en partie envolés. Elle a des airs de fleur fanée quand elle laisse tomber ses cheveux devant sa tête, le genre de fleur de laquelle on a arraché quelques pétales trop tôt. On en a laissé à quelques bouts du monde, et on l'a laissé sans plus rien. Elle en retrouvera un à Rome, un à Alexandrie, un à Madrid. Il ne lui en restait plus en revenant en Angleterre.
Kasia s'endort dans son appartement.
Ses longs cils balayent le monde et est lancée la valse de ses rêves.

there are many things that i would like to say to you, nut I don't know how. because maybe, you're gonna be the one that saves me. and after all, you're my wonderwall.
Demoiselle se réveille en sursaut. Elle se lève, va à la fenêtre. Prend l'air, et une clope. Ça n'était qu'un songe de nuit, et son réveil qui sonne. Elle le laisse cracher la musique jusqu'à la fin de celle-ci, puis l'éteint. Dieu que le matin est dur. Elle s'habille, ne prend pas se petit déjeuner. Se lave la figure, mais ne se coiffe pas. Elle ne se coiffe pas souvent, préfère ressembler à une sauvage domestiquée. Sa patte blanche s'empare des clés sur le comptoir de l'entrée, elle sort et laisse claquer ses talons dans les couloirs et le hall de l'immeuble. Clic, cloc. Tic, tac. Le temps passe, la petite aiguille rattrape la grande, valse folle du temps déréglé. Arrêté, joueur, moqueur. Qui part et revient, se stoppe et repart sans prévenir. Elle en perdrait ses repères, mais c'est davantage le Tic, tac dans sa tête qui la perdra. Pauvre enfant, le crâne bourriné à son jeune âge. C'est à en rester fou, de se rendre compte de chaque seconde qui passe. Chaque. Seconde. Celles qu'il me faut pour écrire cette phrase. Celle qu'il te faut pour la lire. Celle qu'il faut à ses talons pour claquer, au carrousel de ses pensées pour la perdre dans une forêt de songes sans boussole.
Et le jour se lève tout juste. Elle pense : se lever avant le soleil : criminel. Soupir. Elle avance, ralentit le pas. Observe les gens. Les qui se remaquillent au feu rouge, les qui gloussent devant les vitrines dont les grilles demeurent baissées. Les qui attendent, que le temps passe et les emporte. Les qui attendent la fin du temps. Le générique de fin. Cut ou fondu au noir, générique vertical blanc sur fond noir. Equipe de réalisation. Montage. Image. Son. Remerciements.
Musique.
Dernier mot, copyright.
Coupé.

Moteur, action.
L'odeur du parc lui rappelle mille souvenirs. L'herbe coupée est sa préférée. L'odeur du printemps, aussi. L'odeur des premiers amours, des premiers rires, des fins d'années et des cahiers brûlés. L'odeur des robes qui se lèvent doucement quand elles dansent sur l'allée. L'odeur de la joie, puis la solitude, les souvenirs, la nostalgie. L'odeur du passé qui l'hypnotise et la guide, la largue là et l'étouffe. Meurtre amoureux. Elle suffoque au pied d'un arbre, la belle, mais aucun accord ne la tire du puits de rêves - ou de cauchemars, le plus profond. Elle rêve de l'un puis de l'autre, d'un incendie, d'une place brûlée où ils allaient se retrouver. De leurs ombres qui restent enchaînées comme s'il n'y avait rien eu. L'air enflammé. La vie irrespirable. Rien. La place est là, et elle la reconnaît, ils y passaient chaque jour pour aller en cours, et s'y arrêtaient. Il était là, avec sa guitare et sa musique dans les yeux, son sourire dans les veines. Elle sourit aussi, et se met à la place de son ombre. C'est lui qu'elle tient par les épaules le temps d'un cliché. C'est lui qu'elle tenait, là, et de lui qu'elle riait sur leurs ombres. Elle le voit encore.Puis elle se réveille, encore. Il n'y a plus ni place, ni ombres, ni lui. Elle soupire, encore. Elle pense : se rappeler du passé : criminel. Il ne faut plus y penser. Elle s'en veut. Elle est partie comme la pire des voleuses. Pire qu'un de la bande d'Ali Baba. Pire qu'Aladdin encore. Sans mot, sans regard, sans sourire, sans pleurs. Elle soupire, une dernière fois. Ses talons claquent encore, sur la grande allée du parc. Elle aimerait réentendre ces accords, ici, qui la transportent et l'emmènent loin. Elle aimerait danser et écouter jouer son ami. Le revoir, une fois. Juste une. Rattraper un de ces papiers pris par le vent après lesquels elle court depuis longtemps. Un de ces papiers à souvenirs, qui les lui rendrait. Elle pourrait les récupérer. Il faudrait tendre un peu plus le bras. Reprendre de la vitesse, mieux respirer. Mais elle a peur de les retrouver et que les papiers à souvenirs soient différents des morceaux qu'il lui en reste, quelque part, au fond de la tête.
Elle ne veut pas voir faner les pétales de mémoire éparpillés, quitte à ne plus les revoir.
Et elle sait qu'elle les reverra. Elle amènera un sourire et deux, trois regards pétillants pour leur redonner la couleur qu'elle leur a connu.

bienvenue bon courage pour ta fiche !

BIENVENUUUE officiellement ! N'oublie pas de me garder un lien belle demoiselle.