♢ please, make it stop. La couverture sur le visage, elle respire fortement, suffoque même presque. La chaleur l'étouffe et des perles de sueur viennent rouler le long de son front pour s'écraser sur son oreiller. Les yeux grands ouverts, elle se crispe et les ferme violemment lorsqu'elle entend à nouveau un cri. Des aboiements. Un vase se brise sur le sol et Mads sursaute. Pourtant habituée à ces crises quotidiennes, la fillette alors à peine âgée de cinq ans, avait bien du mal à s'y faire. Prenant son courage à deux mains, elle soulève la couverture, laissant les rayons de lune éclairer son visage. D'un geste rapide, elle empoigne sa peluche favorite et se précipite en direction de la porte de sa chambre. Elle entend des cris, un claquement, puis plus rien. La pauvre petite, apeurée, ose à peine se faufiler dans le couloirs. A pas de loup, elle rejoins pourtant la chambre de son frère aîné et se glisse sous ses draps. Chez, réveille-toi ... Il gémit, se frotte rapidement les yeux et soulève sa couverture pour que sa soeur vienne s'y réfugier sans peine. Mads, alors rassurée, se loge au creux de ses bras. Il dépose un doux baiser contre son front et la serre contre lui. Un léger sourire se dessine alors sur le visage de Mads qui retrouve la paix. Tous les soirs, c'était la même rengaine : ils criaient et elle venait se réfugier auprès de Chester qui se donnait à coeur joie de la rassurer. Ils ne le comprenait pas très bien à cette époque, mais la relation qu'entretenaient leurs parents étaient plus que bancale et la seule solution qu'ils avaient trouvé pour tenir le coup n'était autre que la colère. Des disputes à tout bout de champs. Non pas pour mettre les choses au clair, mais parce que cette soudaine envie d'autorité faisait monter en chacun d'entre eux le désir qu'ils n'avaient pas ressentit depuis des années, depuis la naissance de leur deuxième enfant, depuis les kilos en trop. Chez ... ? Tu penses que papa et maman ils vont divorcer ? demande alors innocemment Madeleine, les yeux clos. Son frère qui pensait pouvoir rejoindre le pays des rêves, s'efforça tout de même de lui répondre. Mais non, ils s'aiment trop pour ça. - Oh ... alors c'est ça l'amour. Elle faisait référence aux perpétuelles engueulades auxquelles ils avaient tous deux à faire. De par son jeune âge, Mads ne comprit pas où voulait en venir son frère et pendant longtemps elle cru que montrer son amour envers quelqu'un consistait à lui jeter les pires insultes à la figure. C'est d'ailleurs comme ça qu'elle s'est retrouvé à cracher à la figure de Chester, parce qu'elle l'aimait tout simplement. En tout cas moi je suis bien contente qu'ils divorcent pas. Je veux bien deux noëls, mais je voudrais pas que tu ailles vivre avec papa et moi avec maman. Elle se colle un peu plus contre son frère et serra sa main un peu plus fort. Qui est-ce qui a bien pu te mettre une idée pareil en tête ? Ca n'arrivera jamais, ok ? Elle hoche la tête, bien qu'il ne puisse pas correctement le voir et murmure un faible 'oui' avant de déposer à nouveau sa tête dans le creux de son épaule. Quelques minutes plus tard, alors que leurs parents auraient pu leur concevoir un petit frère ou une petite soeur dans la pièce voisine, les deux enfants trouvèrent le sommeil jusqu'au petit matin.

♢ all the undisclosed desires. Je crois que c'est le meilleur birthday burger de tous les temps! jubile-t-elle la bouche encore à moitié pleine. Face à elle, Chester se mit à rire doucement. Tout deux croquèrent goulûment dans leur hamburger. Ceci était une sorte de tradition entre eux, chaque année Chester amenait sa soeur manger ce qu'ils appelaient un 'birthday burger' dans un fast food différent. Cette habitude avait beau paraître stupide, mais tout entre eux l'était. Il n'y avait pas un jour sans que ces deux-là ne se fendent la poire. Malgré leur âge, il leur arrivait aujourd'hui encore de passer la nuit dans le même lit. Chez et Mads, ils étaient bien plus que des frères et soeurs, ils étaient un tout. Salut Mads, joyeux anniversaire! Face à leur table, un jeune garçon affiche un sourire béat. Mads lève alors la tête et manque de s'étouffer en avalant sa bouchée. Elle s'essuie délicatement la bouche avant de lui sourire en retour. Merci Cal. Il hoche la tête, adresse un dernier regard à Mads puis s'éloigne en direction de la caisse. Le nez plongé dans son assiette, Mads ressent le regard pesant de son frère. Celui-ci finit par ouvrit la bouche pour lui poser l'ultime question qui lui brûle les lèvres depuis que ce garçon a posé ses yeux sur elle. C'était qui ce type ?! - Qui, Calvin ? Oh on fume juste de la drogue et on pille des banques ensemble, rien de plus. Les yeux de Chester s'écarquillent et Mads explose de rire. Du haut de ses seize ans, elle est dotée d'une répartie et d'un sens de l'humour particuliers. Détends-toi, c'est rien qu'un mec qui se trouve être dans ma classe. ajoute alors Mads, hilare. Celle-ci en profite d'ailleurs pour tourner la tête en direction du dit Calvin. Un doux sourire se dessine sur ses lèvres, qu'elle peine à cacher à son frère, observateur. Ce dernier soupire longuement. Certainement trop crédule, il venait d'avoir la peur de sa vie. Ca veut bien dire que tu te drogues pas hein ? Parce que si ça serait le cas, tu m'en parlerais n'est-ce pas ? Mads se met doucement à rire. Le comportement sur-protecteur de son frère l'amuse au plus haut point. Elle a souvent l'impression d'être face à son père, mais elle aime ça. D'ailleurs si elle avait été à sa place, si leurs rôles, leurs âges, avaient été inversés, elle se serait sans aucun doute comportée de la même façon avec lui. Ouuuui, relaxe. Elle croque à nouveau dans son hamburger et il fait de même. Mads ne s'était jamais posé la question si un jour ou l'autre elle se mettrait à fumer. Pour elle tout était clair : jamais elle ne toucherait à cette camelote. Si seulement elle avait su ... Mads s'était la jeune fille quasi parfaite. Studieuse, joyeuse, amusante, mais ô combien chiante. Elle aimait tout le monde et tout le monde l'aimait. Elle n'avait pas la joie d'avoir des parents riches ou très présents, mais elle avait Chester et il la complaît amplement.

♢ scary with you is better than scary without you. Je vais à la boulangerie au bout de la rue, je vous rejoins après, d'accord ? Chester et Calvin acquiescent tout deux d'un simple signe de la tête avant de pénétrer à l'intérieur de la banque. Mads, quant à elle, continue son bout de chemin. Elle fait la queue pendant près de dix minutes. Avant elle, une mamie met un temps fou à se décider sur le choix de ses pâtisseries. Tant mieux, pense un instant Mads qui en profite pour réfléchir à son tour. Elle sort de la boulangerie et se dirige gaiement en direction de la banque. Ce n'est que lorsqu'elle aperçois les voiture de police que son sourire s'efface. La pâtisserie qu'elle tenait dans sa main s'écrase sur le sol. Un homme parle dans un microphone et elle comprend qu'il s'agit d'une prise d'otage. Tremblante, elle porte ses mains à sa bouche comme pour masquer sa stupeur. Mon ... mon frère et mon ami ... ils sont à l'intérieur et ... articule-t-elle, les yeux imbibés, lorsqu'un policier vient à sa rencontre pour la prier de reculer. Alors qu'elle croyait que ce moment fut les plus longues minutes de sa vie, elle comprit qu'il n'en était rien lorsqu'une détonation retentit au sain de la banque. Les mains jointes et à nouveau portées à sa bouche, Mads se permet de fermer les yeux et de déverser quelques larmes. CES minutes CI furent les plus longues de sa vie. La brigade anti-criminel décida finalement d'entrer en action, armes en mains. De sa position, elle ne pouvait pas bien voir ce qu'il se déroulait à l'intérieur, mais la police sembla finalement maîtriser avec facilité les braqueurs après s'être introduits discrètement par l'arrière porte. Un à un, les otages purent sortir de la banque. Les yeux brillants, Mads scrute alors avec soin chaque visage. Lorsqu'elle aperçois celui de Calvin au loin, elle se met à courir pour se jeter dans ses bras. L'émotion la rend stupide et c'est tout à fait naturellement qu'elle dépose ses lèvres sur les siennes. Un baiser assez gênant, mais qui sera que trop vite oublier. Mads relève la tête. Personne. Elle ne comprend pas. Son regard se bouscule dans tous les sens, puis elle se risque à demander : Chez, où est Chester ? Calvin baisse le regard. Un brancard sort alors de la banque et elle aperçois enfin son corps inerte. Il n'est pas recouvert d'une poche en plastique ce qui est bon signe. Mais, elle se met à crier et à pleurer. Les nerfs craquent et elle s'effondre dans les bras de son ami. (...) Heeey ... - Heey ... La main posée dans celle de son frère, elle le regard tendrement. Ses yeux sont tristes et rouges, son teint est pâle et elle tremble légèrement. Chester lui adresse un doux sourire et, malgré la fatigue et la peur, elle se force à le lui rendre. Les larmes lui montent à nouveau aux yeux, mais elle fait l'effort de ne pas craquer. Alors ça fait cet effet-là de ce prendre une balle. Chester tente l'ironie. Il se sent faible, mais n'en montre rien. Tu devrais te reposer, les médecins m'ont juste laissé le droit de te voir quelques minutes. Elle ravale cette boule qui commence doucement à lui obstruer la gorge. T'es un grand gaillard, tu vas t'en sortir, mmh ? ajoute-t-elle plus pour se rassurer elle-même que pour lui donner la force de surmonter cette épreuve. Puis elle se baisse dans sa direction pour le serrer doucement dans ses bras. Elle dépose un baiser sur son front. Elle s'écarte enfin, lui adresse un dernier sourire et se retourne pour sortir de la pièce. Hey ... je t'aime ma crevette. Elle lève les yeux au ciel pour ne pas pleurer. Puis, lorsqu'elle lui fait à nouveau face, Mads se met à rire doucement. Moi aussi je t'aime gizmo. Et ce fut là, les derniers mots qu'ils purent s'échanger.

♢ how can i take this pain away. Si nous sommes tous réunis en ce triste jour, c'est pour ... Tout de noir vêtue, Mads baisse la tête pour ne pas avoir à affronter la vision du cercueil se trouvant face à elle. Les mots que prononçe le pasteur ne lui viennent que par bribes. Elle est physiquement présente, mais son esprit est ailleurs. L'enterrement de son frère, de Chez, de la personne qui comptait et qui comptera toujours le plus à ses yeux se trouvait être pour elle une épreuve que trop difficile. Et je vais sur ces quelques mots, laisser la parole à celle qui parmi nous semble être la personne qui de sa vie a le mieux connu notre bien aimé Chester. Mads relève doucement la tête. Elle s'était des jours durant préparée à cette situation, mais alors qu'il était temps pour elle de s'avancer, ses jambes refusaient de lui obéir. Elle respire longuement, ravalant par la même occasion cette boule qui se forge une place au creux de sa gorge. Puis elle avance, un pas devant l'autre. Alors que tous les regards son rivés sur elle, elle affiche un maigre sourire. Comme tout le monde le sait, Chester est, était ... mon grand-frère. Mais ce n'était pas tout. Ses yeux rougis par la fatigue et la tristesse de la perte de Chez, s'embrument sans qu'elle ne puisse le prévoir. Alors qu'elle s'apprêtait à déballer son discours, sa voix se brise et ses mains se mettent doucement à trembler. Comme paralysée, elle n'arrive plus à prononcer le moindre mot, à bouger le moindre membre. Même ses yeux ne clignent plus. Puis une main, tendre, vient se poser contre la sienne et lorsqu'elle ose tourner la tête, elle aperçoit Calvin lui sourire gentiment. Bien qu'elle ait toujours eu l'impression d'être seule face à cette épreuve, il n'en était rien. Calvin s'était montré des plus attentionné et compréhensif face à son deuil. Mads lui rendit faiblement son sourire. Avec lui à ses côtés, elle retrouve alors une once de courage et de force pour prononcer ces quelques mots. Chester était la meilleure personne qui m'ait été donné de connaître. Il était doux, attentif, drôle et il savait toujours quoi dire pour remonter le moral des troupes. Chez, c'était la bonté à l'état pur. Un diamant sans valeur. Il faisait passé le bien des autres avant sa propre personne. (...) Entre doux rires, sourires légers et larmes, Mads loue les éloges de son défunt frère. il nous manquera à tous, chacun à notre manière. Personne sur cette terre ne pourra un jour égaler celle qu'il était. Et jamais ô grand jamais il ne quittera nos mémoires. Les parents Keeples, pleurent et ça la touche bien plus que ses propres larmes. Elle n'avait jamais remarqué à quel point ils comptaient pour leurs parents, ou alors était-ce seulement le cas de Chester ? Serrant un peu plus fort la main de Calvin, elle rejoins la foule pour la mise en terre. Comme tous le monde après elle, elle dépose une poignée de terre sur le coffre de bois, laissant une larme tombé sur le cercueil. Tout devient alors réel et elle comprend que plus jamais elle ne croiserait le regard mesquin de son frère, plus jamais elle ne le serrera dans ses bras, se réfugiera dans ses draps, rigolera ou même se chahutera avec lui. Chester était parti et rien ni personne ne pourrait un jour le faire revenir.

♢ carry on without me. Madeleine la douce, la joyeuse, la sérieuse, la tendre, la bonne petite fille a désormais disparu. Il ne reste de cette fille que son ombre. Le regard perdu, elle vogue à d'autres occupations. Elle se torche le cul avec les règles, elle fuit toute once de sécurité. Elle cherche par tous les moyens à se sentir vivante et, par la même occasion, à se rapprocher de la mort, de Chester. Tous les soirs, elle pleure. Recroquevillée dans son lit ou dans celui de son frère, un cousin collé contre sa poitrine, elle laisse s'écouler sa peine. On ne la reconnait plus. Non désormais Mads fume, picole. Elle roule à toute allure sur l'autoroute, fonce même dans un mur pour défier la vie. Elle ne parle plus à personne, elle ne prend même plus la peine de faire acte de présence en cours. Les seuls visages qui lui restent aujourd'hui encore familier sont ceux de ses pseudos parents, de Calvin et des gendarmes. Elle a passé plusieurs noirs au commissariat de police ou encore à l’hôpital, mais tout ceci n'était rien comparé à la douleur de sa perte. Puis un jour, alors qu'elle se repose tranquille dans la chambre de Chester, échangeant quelques mots avec son fantôme, elle tombe sur ce petit calepin. Toutes les pages sont blanches et la couverture est abîmé par le temps. Seule la première page est habillé de l'écriture de Chester. Un jour je partirais vers d'autres horizons ... Et elle se souvient. Elle se souvient de toutes ces histoires qu'il lui a conté lorsqu'elle était petite, de ce rêve fou qu'il avait de grimper au volant de sa voiture et de conduire, tout simplement Un sourire mélancolique se dessine sur le visage de Mads qui, sans perdre une seconde, se dirige vers sa chambre ou elle empaquette l'essentiels de ses affaires, sans oublier son appareil photo, une carte de l'Europe, un stylo et le fameux calepin appartenant à Chester. A bord de sa voiture, les mains posées sur le volant, elle respire longuement. Son coeur bat la chamade et pourtant elle appuie sur l'accélérateur et démarre en trombe. Elle est décidée et ne reculera devant rien pour accomplir ce rêve d'enfant. Mais, avant de prendre la route, elle s'arrête devant une petite maison. Un sourire joyeux sur le visage, elle sonne à plusieurs reprise. Calvin lui ouvre la porte et la laisse entrer, perplexe. Fais tes valises, on s'en va. Calvin a un mouvement de recule. Il la toise d'un regard interrogateur, ne comprenant pas très bien qu'elle mouche l'a piqué. Mads roule des yeux. Elle sort ensuite de la poche arrière de son jeans le dit calepin et le tend fièrement sous son nez. Chez, c'était à lui. Depuis qu'il est gamin il rêve de prendre la route, d'écrire ses aventures, de vivre sa ... Sa voix se brise doucement. Bien qu'elle paraisse totalement enjouée, elle reste tout aussi fragile qu'au premier jour. C'était son rêve Cal ... et si il y a un moyen de lui faire honneur, de lui dédier quelque chose, je n'en vois pas de meilleur! Ses yeux pleins d'émotions brillent comme si mille étoiles s'y réfléchissaient. Calvin secoue la tête et fait les cents pas. Puis il s'arrête, se ronge rapidement l'ongle du pouce et relève le regard sur Mads immobile. Il s'avance et pose ses mains sur ses épaules. Mais t'as complètement perdu la tête ma parole! Mads ne comprend pas. Lorsqu'elle était arrivée ici, elle était certaine qu'il la suivrait sans rien dire. Mais ce n'était apparemment pas le cas. Tout quitté comme ça du jour au lendemain. Un voyage pareil ça se planifie. Puis tes parents ? Je suis certain que tu ne leur a rien dit à eux. Que t'es partie comme une voleuse, comme d'habitude. Mads fronce les sourcils. Elle croise ses bras autour de sa poitrine et le toise d'un regard sombre. Ecoute si t'es pas partant c'est ton problème, mais moi j'irais avec ou sans toi. Elle reste quelques instants à le regarder, avant de tourner les talons et se diriger vers la porte pour sortir. C'est alors que Calvin l'empoigne fermement pour l'arrêter. Il hésite un instant et le regarde droit dans les yeux. Il ne sait pas quoi faire et elle le sens. Puis il la lâche et ajoute d'une voix faible, le regard tombant : Soit, pars, fais ta vie. Si quoi que je te dise tu partiras quand même, à quoi bon tenter l'impossible. Mads se pince les lèvres. Elle l'attrape à son tour et tente, une fois de plus de l'embarquer avec elle. Viens avec moi Cal, sans toi ça sera différent et je sais que si Chester était encore parmi nous, il t'emmènerait avec lui tout comme moi. Il soupire et rit nerveusement avant de se reculer doucement. Mads, je peux pas tu comprends. J'ai une vie ici, j'ai ma vie. Toi tu as foutu en l'air la tienne le jour même ou tu as perdu tes repères. - Ok, j'ai compris. C'est parce que t'as pas envie de la laisser tomber, c'est ça ? Elle t'attendra tu sais, conne comme elle est, elle t'attendrait jusqu'à la fin de sa vie si tu le lui demandais. Un brin de jalousie se laisse entendre dans le ton de sa voix. Depuis qu'il s'était mise avec cette petite cruche, Mads ne cessait de lui faire comprendre qu'il n'avait rien à faire avec elle. Oh et puis merde, elle sert à rien c'te nana, tu le sais tout comme moi. Y a d'autres poissons dans l'océan, tu trouveras sans aucun doute mieux au détour d'un resto d'autoroute ! Calvin n'en croit pas ses oreilles, il la regard, riant toujours nerveusement face à sa réaction. Je crois que tu comprends pas Mads. Ton avis sur elle m'importe peu. Un sourcil arqué, elle le toise avec ce regard de garce qu'elle portait trop souvent ces derniers temps. Je l'aime, ok, c'est comme ça et je vais pas tout cacher pour te suivre dans ton délire. Touché. Sur ces mots, Mads a l'impression qu'on lui empoigne le coeur et qu'on l’éjecte en dehors de son corps. Elle fremit, mais se reprend rapidement, ne voulant en aucun cas lui montrer son désarrois. MON DELIRE ?! Putin Cal, mais c'était mon frère! Elle laisse finalement coulé quelques larmes de colère et de nostalgie. Je le sais et crois moi, j'ai envie de partir avec toi pour lui, mais on peut pas faire ça. Chester c'était comme mon frère, il s'est montré bien plus présent pour moi que ne l'était mes propres parents, mais ... - Mais t'es un lâche et tu l'abandonnes pour une simple histoire de cul ! Sur ces mots, elle quitte la pièce telle une furie et se réfugie dans sa voiture. Les mains sur le volant, elle se repère en boucle la conversation qu'elle vient d'avoir avec Calvin. 'Je l'aime', ces mots résonnent encore dans sa tête et elle fond naïvement en larmes. Quelques minutes plus tard, elle chasse du revers de la main les perles d'eau qui lui chatouillent encore le coin de l'oeil, relève la tête et démarre le moteur.

♢ i'll take this ride, and just drive. Assise sur un des lits du motel, Mads sort de son sac le calepin de Chester. Elle tourne rapidement les pages, pour griffonner quelques mots sur la page blanche. L'Irlande, que dire de ce magnifique pays. Tu l'aurais sans aucun doute aimé ! Les petites ruelles, les petits commerces, les ruines, les splendides paysages. De la chambre où je me trouve, il y a une magnifique vue sur la mer. Bon, il fait un peu trop froid pour s'y baigner, mais je pense tout de même aller y faire trempette demain après-midi. La gérante du motel est une jeune femme adorable. Elle t'aurait fait rire avec ses blagues sans fin. La cuisine locale n'a rien à voir avec ce que j'ai pu goûter en France, mais elle nous a servit de bons petits plats au dîner. (...) il faut que je te laisse mon tendre Gizmo. Je sens que Sébou va finir par me piquer toute l'eau chaude. Tu te souviens de lui ? Je t'en ai parlé page deux, lors de mon petit séjour en France. (...) C'est un chouette type, je suis certaine que vous vous seriez bien entendu. Sa soeur est un peu une casse-cou, comme moi, en pire sûrement, enfin je sais pas trop. (...) Je t'aime fort, tu me manques. Ta crevette. Elle referma le calepin en un bruit sourd, alors que Sébastien sortait de la salle de bain. Ah ben c'est pas trop tôt ! dit-elle tout en sautant du lit pour le rejoindre. Elle lui ébouriffe sa tignasse mouillé, à moitié hilare, avant de lui donner un coup de cul et d'entrer à son tour dans la salle de bain. Sous la douche, alors que l'eau coule doucement sur sa peau, elle repense à tout ce qu'elle avait jusqu'alors vécu, les pays qu'elle avait traversé. Elle repense à tous ces bons moments, ces merveilleuses rencontres dont faisait parti Sébastien. Complètement perdue dans cette grande ville qu'était Paris, il l'avait aidé à rejoindre ce bar dont lui avait sans arrêt parlé Chester. Puis, pour le remercier, elle lui avait offert un verre et ce fut le coup de foudre. Amicalement parlant, bien évidemment. Elle retrouvait chez lui une partie de ce qu'elle avait perdue à la mort de Chester et lui au départ de sa jumelle. Ils étaient fait pour se rencontrer et tout ceci ne serait par arrivé si elle n'avait pas décidé de partir à l'aventure. Désormais ils se retrouvaient tout les deux, en Irlande, à vivre quelques semaines magiques dans ce pays magnifique. Puis il repartirait, en France, à Paris et elle, elle continuerait son voyage sans fin. Elle voguerait à bord de sa voiture, vers d'autres destinations. Elle conterait ses histoires sur papier, prendrait des photos, rencontrerait de nouvelles âmes qui lui donneront le sourire. Elle repenserait un instant à ses personnes qu'elle avait laissé derrière elle, à ses parents et à Calvin. Puis elle sourirait et elle recommencerait, encore et encore, jusqu'à ce qu'un jour, elle déciderait de rentrer au bercail.

bienvenue bon courage pour ta fiche :D

BIENVENUUE ! Willa est trop parfaite, et ton pseudo aussi.