if i die young, bury me in satin

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Luxray s'extirpe du lit, ramasse la chemise blanche jetée par terre la veille et l'enfile sur son corps dénudé. Elle se lève, les bras croisés sur sa poitrine, et regarde l'homme toujours assoupi sous les draps. Cet homme aux cheveux aussi noirs que le braise et à la barbe de deux jours est plutôt séduisant, cela doit être grâce à cela que la jeune femme a accepté de venir dans le lit de son patron. Ou bien car, simplement, elle n'avait pas d'autres choix. Il l'a repérée hier soir alors qu'elle était assise à un bar dans une boîte de nuit et lui avait proposé de poser pour lui. Il était photographe et semblait visiblement en manque de mannequins. Luxray avait le physique idéal selon lui. Elle n'avait rien à perdre, elle n'avait pas encore de chez-elle, ni d'argent vu qu'elle venait de quitter la Pologne et donc sa famille et qu'elle avait utilisé ce qu'il lui restait pour prendre le train afin d'arriver ici, à Paris. C'est après une longue séance de photos et des bavardages autour d'un ou deux verres de vodka qu'il lui a proposé de l'aider financièrement si elle acceptait de coopérer. Ce n'est pas la première fois qu'un homme lui propose ce genre de marché. C'est peut-être son accent qui les fait craquer, ou encore ses grands yeux bleus qui restent un de ses plus grands atouts quand il est question de séduction. Au départ, Luxray ne souhaitait pas de cette vie, elle n'a jamais été une femme à hommes quand elle vivait encore en Pologne mais elle avait absolument besoin d'argent. Chaque matin, elle prenait donc ce dont elle avait besoin dans leurs porte-feuilles et s'en allait sans faire de bruit. Mais ce matin-là, c'est différent. Cet homme pourrait lui faire gagner plus d'argent, elle pourrait enfin avoir un travail - certes, pas un vrai vu qu'elle serait dans le mannequinat - mais elle aurait enfin une vie correcte. Même si sa vie en France était compliquée, la jeune femme n'a jamais regretté d'avoir quitté son pays qui lui empêchait d'encore oser s'accrocher à ses rêves. La peinture par exemple. Elle a commencé à peindre de l'abstrait à ses seize ans mais rapidement, ses parents ont jeté ses tableaux en stipulant que ce qu'elle faisait était inutile. Après avoir pris une longue douche, Luxray s'habille, prends quelques billets dans le porte-feuille de son patron et sors de l'appartement. Elle marche jusqu'au parc situé quelques mètres plus loin. Arrivée, elle s'assied au pied d'un arbre et sors de son sac une petite toile et quelques pinceaux d'assez mauvaise qualité. Elle commence à peindre ce que le parc lui inspire et passe une demi-heure à remplir la toile vierge de grands traits de couleurs. Un homme s'approche d'elle et s'accroupit à ses cotés. « C'est joli. » commente-t-il. Luxray le détaille des pieds à la tête. Il est brun de cheveux et a de grands yeux verts. Il lui sourit, d'un sourire gentil, amical, il n'a pas l'air d'un don-juan contrairement à son patron. Lux le remercie d'un hochement de tête mais il ne s'en va pas pour autant. « C'est impressionnant de voir à quel point vous faites ressortir vos émotions à travers ce que vous peignez. » Les mots de l'inconnu interpelle Luxray. C'est bien la première fois que quelqu'un parle de ses toiles avec autant d'intérêt. Elle le regarde à nouveau, observe ses fines boucles autour de son visage et ses pommettes qui lui donnent un air inoffensif. Il se présente, elle aussi. Il lui propose d'aller boire un café et de parler art. Elle accepte. Il lui paie son café et se pose sur une terrasse. L'homme réussit à la faire rire, à l'émouvoir par ses récits de vie et même à lire en elle alors qu'ils se connaissent à peine. Ils parlent de peinture, puis de photographie, puis de leur vie respective. Ils s'entendent bien, il ne semble pas la vouloir dans son lit ni même avoir envie de la droguer. Il lui laisse son numéro après avoir réglé l'addition et s'en va, laissant la jeune femme seule. Lux réussit à se trouver un petit appartement miteux grâce au peu d'argent qu'elle a récolté. C'est la première fois qu'elle a un chez-elle, elle n'en avait pas besoin avant vu qu'elle passait ses nuits chez des hommes à chaque fois différents. Sauf que ce soir, elle avait juste envie de se reposer. Elle passe le reste de la journée à emménager son appart' et à peindre ce qui lui passe par la tête. Les jours passent et Luxray reçoit un matin un appel de l'homme qu'elle avait croisé au parc. Ils se revoient et prennent un café ensemble, ainsi que le lendemain, et le jour d'après. C'est devenu leur petite habitude matinale. Pour son vingtième anniversaire, il lui fait la surprise de lui offrir un kit de peinture flambant neuf. Après lui avoir sauté au coup, Lux remarque qu'il y a un papier dans la boîte. Un ticket. « Je repars en Suisse dans une semaine, à Genève, et j'ai pensé que ça te plairait peut-être de venir. Tu pourrais vivre avec moi le temps de te trouver un appart ou même une maison. » Sans réfléchir bien longtemps, elle accepte. Luxray laisse tomber sa carrière de mannequinat, son passé de femme fatale, les soirées dans les boîtes de nuits à picoler, elle s'envolera dans une semaine en avion pour Genève. Il est temps de tourner la page.

re-bienvenue
courage pour ta fiche