(channel) meet me once again ๑

Il faut que j'aille acheter à manger, vraiment. La situation devient de plus en plus critique. Ce midi, j'ai eu le choix entre jambon ou... jambon. Le frigo fait peine à voir, tellement il est vide. Cela fait presque une semaine que je songe à aller faire les courses, mais soit j'ai eu la flemme, soit je n'ai pas eu le temps. Toujours des excuses à me trouver, en somme. Mon appartement lui aussi me prie de venir s'occuper de lui. Le bordel règne en maître à l'intérieur. J'ai la fâcheuse habitude de tout laisser traîner derrière moi, et je n'arrive désormais plus à mettre un pied devant l'autre sans rencontrer un objet qui n'aurait pas du se trouver là. Je compte tout ranger bientôt, mais ce n'est pas ma priorité. Non, ce qui vient en tête de liste, c'est vraiment de faire le plein de nourriture. Je peux bien sûr aller au restaurant, c'est moins fatiguant, mais c'est beaucoup plus coûteux et déprimant quand on est tout seul. J'ai toujours un peu de peine quand je vois quelqu'un manger sans être accompagné. Poussant un soupir à fendre l'âme, j'attrape mes clés de voiture pour aller faire la tâche ingrate qui m'attends. Je vais donc faire le stock, et arrivé à destination, je prends tout ce qui me semble nécessaire. Après un peu plus d'une heure, j'ai déjà plusieurs sacs de nourriture en tout genre, et je décide que cela suffit. Je paye, et je me dirige vers ma voiture, satisfait de moi-même. J'ai l'après-midi pour me reposer, et n'ayant rien de prévu je peux rester chez moi tranquille. Je regarde une dernière fois dans mes sacs pour être sûr de ne rien avoir oublié, je ne veux surtout pas me rendre compte une fois dans mon appartement que je n'ai pas pensé à acheter du lait ou des yaourts, quand je heurte quelqu'un de plein fouet. Heureusement, je ne fais rien tomber, et moi-même je reste debout, malgré avoir un instant failli perdre mon équilibre. Levant la tête vers la personne que je viens peut-être de renverser, je balbutie des excuses, un peu sonné : «Pardon...Je n'ai pas regardé où j'allais, c'est ma faute.» Il n'y a que moi pour être aussi maladroit, c'est pas possible.

Spoiler:

Toi, t'étais plutôt indépendante de ce côté-là : qu'il te reste un piètre morceau de jambon ou un foutu os à curer, tu t'en foutais royalement. Mais bon, t'avais une coloc' plutôt difficile, et, même si tu disais toujours non, tu pouvais tout lui céder, à elle. C'était ta blonde préférée, ou du moins, l'une de tes préférées, et puis quand il s'agissait du pot de Nutella vide bah t'étais incapable de broncher à l'idée d'aller en racheter un. Et t'étais à court de bière donc fallait bien une volontaire, et puisque t'étais la seule à vraiment boire, t'étais encore la seule à devoir te coller aux courses. Bref, t'avais pris la moto et tu t'étais rendue au supermarché du coin en espérant pas croiser Milo, Oweïs ou autre types du genre qu'il t'était impossible de saquer ces jours-ci.
En te dirigeant vers l'entrée du magasin, tu sens comme un vide sur toi, alors, tu examines ce qui te manque en faisant pas gaffe devant toi, puis tu réalises que t'as oublié ton sac dans le top-case, et c'est quand tu t'apprêtes à y retourner qu'un mec te bouscule en te virant de ta place direct. Tu commences à froncer les sourcils en quête d'excuses mais le pauvre semblait déjà les préparer. « Pardon... Je n'ai pas regardé où j'allais, c'est ma faute. » Tu balayes ses paroles d'un geste de la main et tu retournes pour de bon jusqu'au véhicule. Enfin, pas encore parfaitement pour de bon, parce que, en le fixant du regard quelques secondes, quelque chose tilte dans ton esprit et tu dois admettre que ce type, c'est pas n'importe quel type. Tu fais demi-tour pour rapidement le rattraper et tu lui tapes l'épaule pour l'interpeller. « Attends, t'es qui ? Tu m'dis un truc. » Tu te grattes le menton, espérant pas te tromper, mais tu te souviens manifestement pas son nom. Peut-être que tu le connais pas, tout simplement. Peut-être.

Je me maudis intérieurement d'avoir été aussi maladroit, et distrait surtout. Je ne suis peut-être pas le seul fautif, à la réflexion. C'est vrai, je n'ai pas fait gaffe ou je mettais les pieds, mais l'inconnue n'a peut être pas été attentive elle-aussi, sinon elle aurait pu m'éviter, non ? Quoiqu'il en soit, désormais ça fait partie d'un moment passé, et je lutte pour reprendre mes esprits après le choc, même s'il n'a pas été très brutal. La jeune femme me fait un mouvement de la main après que j'ai donné mes excuses. J'imagine qu'elle veut me signifier que ce n'est pas grave, mais je n'ai jamais été très bon pour décrypter la gestuelle. Je la vois ensuite s'éloigner, et je fais de même, me dirigeant à petit pas pressés vers ma voiture quand l'inconnue fait volte-face, et vient me taper doucement l'épaule. Je me tourne vers elle. «Attends, t'es qui ? Tu m'dis un truc.» Je lève la tête, dubitatif. Il est vrai que sur le coup je n'ai pas vraiment fait attention sur son visage. Je l'examine, perplexe. Il est clair que ce n'est pas quelqu'un de proche, sinon rien que par la voix je l'aurais reconnue. Honnêtement, elle me dit quelque chose. Je ne m'en étais pas vraiment rendue compte parce que j'étais sonné. Je ne sais pas d'où je la connais. Peut-être que je l'ai juste croisé dans la rue, plusieurs fois ? Cela ne serait pas étonnant, mais qu'elle m'ait remarqué elle aussi l'est déjà plus. «Je m'appelle Sébastien, et toi aussi j'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelque part. C'est quoi ton nom ?» Je repose mes courses que j'avais repris dans mes mains un peu avant, les sacs pesant lourds. Je devrais peut-être aller ranger le frais tout de suite dans le coffre de ma voiture, mais je ne veux pas partir comme ça, puisqu'on a engagé la conversation.

Spoiler:

En fait, il t'a pas dérangée. Voire pas du tout. Et tu l'as maudit qu'une seule seconde. Il est plutôt bien foutu, et il a une gueule d'amour. Baraqué, les traits angéliques, tout ce que t'aime. Mais quelque chose en toi te dit que tu peux pas t'attacher. « Je m'appelle Sébastien, et toi aussi j'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelque part. C'est quoi ton nom ? » Sébastien. Mais oui ! Son prénom résonne dans ta tête et c'est maintenant une évidence : Sébastien Maurel, le mec que t'as jamais pu blairer, quand t'étais encore à Paris. C'est fou c'que tu peux faire comme retrouvailles depuis que t'es là. Pas forcément mauvaise, et celle-ci est pas épouvantable non plus. D'accord, vous étiez comme chien et chat avant, mais tout le monde peut changer. En l'examinant, tu regrettes d'avoir fait de lui ton ennemi auparavant. Vraiment. Il est mignon. Plus que ça. Roh, fais taire tes pensées. Si tu lui fais des sentiments, tu vas paraître faible et cucu. Non, allez, c'était écrit, vous vous devez de vous haïr. De vous titiller. « Mon nom ? Hum. Betty. » Tricheuse. Traitresse. Vas-y, allez, fais-toi une fausse identité pour lui plaire.

» Well you can take me down, with just one single blow. (Channel)
» a coffee for a meeting. (channel)
» ♈ breathe your smoke into my lungs. (channel)

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