if i die young, bury me in satin

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Chapter one : L’époque où ma seule pensée était « De quelle couleur je vais faire les cheveux de maman ? »
Mon enfance, la période la plus heureuse que j’ai pu connaître. Tout était nettement plus simple même si mes parents n’avaient pas beaucoup de moyen, j’ai jamais manqué de rien et une seule chose me suffisait : le bonheur. J’avais Sébastien, mes parents et ma meilleure amie. Tout était parfait. Sébastien c’est mon frère jumeau, celui qui était toujours là pour moi, celui que j’aime plus que tout au monde, rien ne pourra le remplacer. On était tout le temps ensemble, on ne se quittait pas et pourtant, on avait toujours l’impression d’être loin de l’autre en classe alors que seulement deux élèves nous séparaient. J’ai toujours été avec lui à l’école maternelle et primaire, dans les mêmes classes, tout le temps ! Avec mon problème de croissance, tout le monde se moquait de ma petite taille et là, Super Sébastien apparaissait avec sa cape et surtout sa parole et envoyait tout le monde plus loin et me défendait comme ça. Personne n’osait me faire de mal car mon frère n’était pas très loin. C’est impressionnant comme un frère peut vous paraître la plus belle chose sur Terre quand il porte le prénom de Sébastien. L’école a été pour nous deux une très bonne période. On était inséparables, les gens enviaient notre relation et puis, à deux on est plus forts que tout seul.

Chapter two : Collège, pourquoi est ce que tu existes ?
Ma première séparation avec Sébastien. Je me suis retrouvée en sixième six et lui en sixième quatre. Quand on a appris qu’on ne serait pas ensemble pour la première fois de notre scolarité, ça a été un choc pour nous deux. J’ai l’impression que Sébastien l’a mieux pris ou sinon c’est qu’il intériorise très bien ses sentiments. Pour ma part, ça a été dur, je n’avais plus mon point de repère dans la classe mais en même temps, ça m’a permis d’apprendre à ne pas toujours dépendre de lui. Je me suis rapidement fait des amis dans la classe, je traînais avec eux à la récréation tout en essayant d’apercevoir où était mon frère, rien que de le voir me rassurait. Il s’était lui aussi fait des amis, ce qui est tout à fait normal pour des jeunes de notre âge. Le premier bulletin ne tarda pas à arriver à la fin du premier trimestre, Sébastien en avait un plus que brillant et pour ma part, il y avait de grosses lacunes un peu partout. Mes parents m’ont toujours rassuré et m’ont toujours dit que ce n’était pas grave, qu’ils allaient m’aider et que j’allais réussir comme mon frère. Ils se sont vraiment trompés. C’est vrai que c’est à ce moment que j’ai commencé à m’éloigner un peu de ma famille, même Sébastien. On ne se parlait qu’à la maison et encore pas très longtemps. La raison de cette éloignement de ma part ? C’est juste que je ne me sentais pas à ma place que ce soit à l’école, chez moi, dans mon corps, j’étais mal dans ma peau. Puis, en quatrième j’ai connu Emma qui est devenue rapidement ma meilleure amie. On était toutes les deux tout le temps, les gens nous regardaient bizarrement parce que c’est vrai qu’on était un peu bizarre toutes les deux. Emma était géniale, elle m’a fait me sentir mieux dans ma peau et puis, comme moi elle n’aimait pas le collège et avait des mauvaises notes. L’année de la troisième a été la pire. Alors que Sébastien a obtenue son brevet avec brio, je l’ai eu de justesse et là, le discours de mes parents avait changé, ils m’avaient dit que je n’arriverai pas au lycée si je continuais comme ça. Je les ai laissé dire, ça ne changeait rien au fait que dans tous les cas j’allais entrer au lycée et que je n’aurai certainement pas de meilleures notes.

Chapter three : Comment est ce que j’ai pu autant bousillé ma vie ?
Le lycée… Effectivement, mes notes étaient de plus en plus catastrophiques. J’ai failli être renvoyée plusieurs fois à cause de mon comportement et de mon travail qui n’était jamais fait. Je voyais bien que mes parents souffraient de me voir devenir comme ça alors que Sébastien lui excellait toujours autant mais maintenant, si c’était à refaire, je ne changerai rien. J’étais toujours avec Emma, on passait de bons moments ensemble toutes les deux, on sortait tous les week end avec cigarette, alcool, joints et autres drogues à gogo. C’était parfait. Pourtant, tout a dérapé un soir en plein été. J’avais seize ans et Emma aussi. On était à une de nos fameuses soirées et puis, il y avait beaucoup de monde. J’étais pas mal bourrée ce soir là mais pourtant, je me souviens de tout ce qui s’est passé et pour être honnête, j’aurai bien aimé tout oublier. Emma était aussi bourrée que moi, on venait de fumer un joint tranquillement et on rigolait comme deux folles quand un copain est arrivé et nous a présenté des rails de cocaïne. J’ai longuement hésité à en prendre mais Emma elle n’a pas hésité une seule seconde, elle a pris le rail sans broncher et m’a regardé avant d’éclater de rire. J’ai pris le mien et puis, je suis partie danser un peu sur le semblant de piste, de tout ce que j’avais pu connaître, c’est la cocaïne qui m’a fait le plus de mal mais ça, pendant la soirée j’étais loin de m’en rendre compte. J’ai aussi rencontré quelqu’un dont j’ai oublié le nom –en fait je m’en souviens parfaitement mais j’ai pas envie – il s’est approché de moi alors que je dansais. La suite, j’essaye de l’oublier par tous les moyens mais j’y arrive pas, il m’a emmené dans la salle de bain, il m’a dit qu’il voulait me montrer quelque chose et moi, en débile que je suis je l’ai suivi. Et c’est là qu’il m’a plaqué contre le mur, m’a retiré mes habits sans que je ne puisse rien faire et cette enflure m’a violé avant de me laisser toute seule comme une conne sur le sol de la salle de bain. J’ai séché mes larmes après un quart d’heure de pleurs incessants et je suis partie à la recherche d’Emma pour lui en parler. Une fois que je l’ai trouvé, je l’ai trouvé avec une bière dans une main, un joint dans l’autre et un rail de cocaïne sous les yeux, elle allait encore en prendre un. Elle a posé tout ce qu’elle avait dans les mains avant de prendre ce foutu rail, elle m’a regardé en souriant et m’a demandé où j’étais passé tout ce temps, j’allais répondre quand elle est tombée la tête la première sur la table avant de se mettre à convulser. J’ai poussé un cri, je l’ai mise sur le côté et j’ai essayé par tous les moyens de la réveiller, des claques, je lui ai pincé la main, les seins, les jambes, j’ai tout fait mais rien ne marchait, j’ai fini par appeler les secours même si tout le monde me disait de ne pas le faire. Je pouvais pas laisser ma meilleure amie dans cet état là. Les secours sont arrivés rapidement, ils m’ont fait monté dans une autre voiture qui m’a amené jusqu’à l’hôpital le plus proche et là, j’ai passé les plus longues heures de mon existence.

Chapter four : Le jour où j’ai connu le vide que l’on peut ressentir en soi
Les plus longues heures de mon existence. J’étais sur un lit aux urgences, en train de décuver même si le malaise d’Emma avait déjà eu cet effet. J’avais une perfusion avec une réhydratation et j’avais plus qu’à attendre qu’ils viennent me donner des nouvelles de ma meilleure amie. Je n’avais pas osé appeler ses parents, ils n’appréciaient pas trop qu’on sorte toutes les deux donc leur dire que leur fille s’était retrouvée à l’hôpital suite à un rail de cocaïne de trop, ils auraient pas trop apprécié. C’est quand le médecin est arrivé que j’ai senti que mon cœur avait des ratés, je me suis assisse sur le bord du lit et je l’ai regardé, il avait un air bizarre sur son visage et je voyais bien qu’il me cherchait du regard. Au fur et à mesure qu’il s’approchait, je sentais mon cœur s’accélérait, après les ratés, la tachycardie, j’avais l’impression d’être foutue. Les mots qu’il a prononcé, je m’en souviendrais toute ma vie, ils résonnent encore dans ma tête à chaque fois que je pense à Emma « je suis désolé, je n’ai rien pu faire. Elle a fait une overdose. ». Ces mots qui sont restés dans mon esprit pendant des mois voire des années entiers. J’ai fondu en larmes, je ne savais pas quoi faire, je venais de perdre ma meilleure amie, j’ai pu donner au médecin le numéro de téléphone des parents d’Emma mais après, je ne sais pas comment j’ai fait pour m’arrêter de pleurer. Je n’en pouvais plus, j’ai appelé mon père en pleurs à nouveau, il n’a rien compris mis à part hôpital donc il est venu le plus vite possible. Le médecin l’a informé de ce qui s’était passé et il est venu me chercher aux urgences, c’était la première fois depuis quelques temps qu’il m’a tenu si longtemps dans ses bras. Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé entre mon arrivée aux urgences et mon départ mais j’avais la nette impression que c’était une éternité.

Chapter five : Mon frère, ce héros
Quand je suis rentrée chez moi, la première personne que j’ai cherché, c’est Sébastien. J’avais ce manque en moi, ce manque de sa présence, ce manque de ses mots rassurants qu’il avait l’habitude de me dire. Il m’a vu et je me suis jetée dans ses bras avant de me mettre à pleurer une nouvelle fois, je lui ai simplement dit ces mots : « Emma… coke, overdose, morte. Je t’aime. ». Après, j’ai un peu de mal à me souvenir de ce qui s’est passé, le lendemain je me suis réveillée aux côtés de Sébastien, ça faisait tellement longtemps qu’on n’avait pas dormi ensemble et ça m’a fait du bien d’être avec lui comme ça. Les jours suivants ont été très durs, je me suis encore plus renfermée sur moi-même malgré les efforts inconsidérables de mon frère pour me remonter le moral, me rendre heureuse, je n’y arrivait pas. Me lever le matin était devenu une grande difficulté pour moi, le pire ça a été à la rentrée, quand j’ai revu tout le monde qui était à la soirée. Ils m’ont tous présenté leurs condoléances et m’ont dit qu’ils étaient désolés alors que c’est les mêmes qui m’avaient engueulé quand j’avais appelé les secours parce que les flics allaient venir et stopper la soirée. J’avais qu’une envie, les frapper, mourir, m’en aller loin, mourir à nouveau mais je n’ai rien fait, j’ai simplement continué ma scolarité sans rien dire, sans me faire de nouveaux amis, pour tout le monde j’étais la fille bizarre. Sébastien a vraiment été génial pendant cette période, il a repris le même rôle qu’il avait quand on était à l’école mais cette fois, en l’adaptant à notre âge. Je ne l’ai jamais remercié pour tout ce qu’il a fait pour moi mais au fond, je pense que je n’ai pas besoin de lui dire, il le sait que je le remercie, quand on est jumeaux on le sent ce genre de choses. Sans lui j’aurai probablement déjà fait le petit pas vers la mort…

Chapter six : Je suis venu vous dire que je m’en vais
J’ai eu dix-huit ans il y a seulement quelques jours. On l’a fêté uniquement en famille et après Sébastien a organisé une soirée avec ses amis, il m’a proposé de venir mais j’ai refusé, depuis la mort d’Emma je n’ai pas refait une seule soirée, je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool et je n’ai pas retouché à la drogue. Mes parents sont de plus en plus inquiets à mon sujet, je les ai entendu parler la dernière fois, ça leur fait peur de voir comment je suis devenue, ils se demandent ce que je vais faire de ma vie maintenant. J’ai envie de leur répondre que je vais essayer de me reconstruire, de trouver un sens à ma vie, de faire quelque chose qui me plaît mais j’arrive même pas à leur dire ça alors je l’ai écrit. C’est pathétique je sais, j’ai uniquement laissé une lettre à mes parents et une à Sébastien et je suis partie sans prévenir qui que ce soit vers Genève. Ça fait maintenant quatre ans que j’y suis et croyez le ou non mais je suis une membre très active d’une association de lutte contre la drogue chez les jeunes. Plus d’un se mettrai à rire en sachant ça mais je me sens beaucoup mieux depuis que je fais ça, je me sens utile et puis, c’est assez impressionnant le nombre de jeunes qui n’a aucune conscience de ce que peut provoquer la drogue. Mis à part ça, j’ai mon propre appartement en plein cœur de Genève que je paye grâce à mon petit travail dans l’association et celui de caissière que je fais le week-end. Je n’ai pas donné de nouvelles à mes parents ni même à Sébastien depuis mon départ, j’espère qu’une chose : qu’ils aillent bien.

bienvenue bon courage pour ta fiche jolie Watson !